Amandine Gatien-Tournat, animatrice Territoires et Restauration collective au sein du Groupement des Agriculteurs Biologiques de la Sarthe. Anciennement chef de projet en agriculture et alimentation chez Auxilia Conseil.

 

Quel est votre parcours ?

Après une classe préparatoire scientifique BCPST, j’ai a intégré AgroParisTech. Je m’y suis formée au métier d’ingénieure agronome, en spécialité « développement agricole », tout en préparant un DEA en géographie du développement à Nanterre. Lors de la deuxième année de mon DEA, j’ai effectué un stage dans une région agricole laitière du Japon, sur l’île d’Hokkaido, où j’avais pour mission le diagnostic d’une zone agricole.

Après mon diplôme d’ingénieure agronome et mon DEA, j’ai d’abord travaillé pour la Société d’Aménagement Foncier et d’Etablissement Rural (SAFER) de la Sarthe. J’ai ensuite basculé sur un poste au sein de l’antenne sarthoise de la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA). Ce poste m’a permis de mieux connaître le milieu agricole français.

Par la suite, souhaitant prendre un certain recul par rapport au travail de terrain, j’ai mené une thèse de doctorat sur les spécificités de l’agriculture dans les vallées du bassin versant de la Maine (entre les départements de la Mayenne, de la Sarthe et du Loir-et-Cher). L’objectif était d’analyser les relations des agriculteurs à leur environnement. En parallèle de ma thèse, j’ai enseigné la géographie à l’université du Mans.

Après mon doctorat, j’ai poursuivi en post-doctorat à l’Université de Tours. Il s’agissait d’un programme européen portant sur la gestion des inondations. En 2017, de retour d’un an aux Etats-Unis, j’ai obtenu un poste dans le cabinet Auxilia, spécialisé dans le conseil en transition socio-écologique auprès des acteurs des territoires. C’était un poste de chef de projet en agriculture et en alimentation. A ce poste, j’avais pour mission d’accompagner des collectivités locales (principalement) dans la mise en place et le suivi de projets de territoire sur les thèmes de l’agriculture et de l’alimentation.

Je travaille aujourd’hui au sein du Groupement des Agriculteurs Biologiques de la Sarthe (GAB 72). Cette instance vise à défendre les producteurs biologiques, leur cahier des charges, l’installation et la conversion en agriculture biologique. J’y suis animatrice auprès de collectivités pour les accompagner dans la mise en œuvre de projets de territoire autour de l’agriculture et l’alimentation biologiques, ce qui inclut également les questions propres à la restauration collective. Ce travail est rendu plus difficile par la baisse des soutiens publics à l’agriculture biologique, notamment en région Pays-de-la-Loire, dont la couleur politique a changé aux dernières élections régionales.

 

Quelles sont les qualités et compétences requises pour exercer votre métier ?

  • Connaître précisément la chaîne alimentaire et ses acteurs
  • Connaître précisément le métier d’agriculteur et les productions agricoles
  • Être familier du fonctionnement des différentes collectivités, de leurs diverses compétences, des différents discours politiques.
  • Savoir faire preuve de pédagogie face à un grand panel d’acteurs
  • Être créatif, inventif en matière de méthodes d’animation et de présentation
  • Savoir gérer un planning et un budget
  • Savoir vendre un service (spécifique à l’exercice en cabinet d’études)
  • Être en mesure de coordonner / mettre en relation / faire dialoguer des acteurs divers

 

Pourriez-vous nous donner un exemple de projet sur lequel vous travaillez ?

Lorsque j’occupais le poste de chef de projet agriculture et alimentation chez Auxilia, j’ai  participé à l’accompagnement de trois intercommunalités du Sud Mayenne qui souhaitaient réaliser un Projet Alimentaire territorial. Ces trois territoires s’étaient déjà unis en 2009, constituant un Groupe d’Action Local (GAL) pour démarrer un Plan Climat. Ce GAL a émis l’idée d’un Projet Alimentaire Territorialisé (PAT). Il a obtenu la somme de 40 000 euros en répondant à un appel d’offre du Programme National pour l’alimentation, pour la mise en place de ce PAT. Auxilia a été choisi par le GAL Sud Mayenne, pour mener un diagnostic préalable au PAT et faire émerger un plan d’actions issu d’une concertation territoriale. Le diagnostic était composé de deux volets principaux, une caractérisation de la demande alimentaire (notamment grâce à l’analyse de 800 questionnaires passés auprès des consommateurs du territoire), et une analyse de l’offre agricole sur le territoire, dans toutes ses composantes (production, environnement, usages de l’eau, problèmes fonciers, démographie des chefs d’exploitation…). L’usage de l’outil « Facture alimentaire » inspiré du projet Frugal (FoRmes Urbaines et Gouvernance ALimentaire) a permis de constater que la  production agricole du territoire était largement excédentaire pour répondre aux besoins alimentaires de la population (sauf pour les fruits et légumes). Auxilia a également animé plusieurs ateliers, notamment avec les producteurs, pour faire remonter leurs doléances. Finalement, l’étude s’est conclue par la remise d’un plan d’action aux élus pour la mise en place d’un PAT sur leur territoire.

Interview réalisée par Marine Bré-Garnier